Rolf Sambale, le peintre résurrecteur
D´Haïti à Wiesbaden, de Bordeaux à Basse-Terre, de Miami à Paris, Des Beaux-Arts à l´Art d´être, du Pôle Nord au Pôle d´Art du Gosier, de Fort Liberté à Fort Fleur d´épée, le fils de la Déesse Erzulie et du père de l´« union de tous les hommes » (« All man ou allemand signifie le groupement de tous les hommes ), le migrateur à la palette ailée, l´hybride multicolore au drapeau de polyglotte hissé à la manœuvre de ses œuvres, Rolf Joseph Antonius Sambale est le titan qui fait revivre ces illustrissimes Caraïbéens qui nous ont brisé les chaînes de l´impossibilité afin de nous reconstruire en fer (faire) métal de la réalisation, l´Arche d´Alliance des Arts et des Lettres à l´exposition “La Caraïbe des Grands Hommes” au Fort Fleur d´épée.
Véyé jé a-w ! En garde !
Vous faire ouïr le son fleurettiste de sa génialité convergé au bout de son pinceau dont une touche de lumière projette sur l´écran magnétique son gigantesque pouvoir d´abstraction et de concrétisation, est vous vivifier l´harmonie et la simplicité de son spontanéisme à la cadence mythique et surréaliste de ses symboles. Gadé sa !
L´initiation de la symbolique requiert de voir l´invisible dans le visible, et voir l´invisible est l´atteinte virtuelle de l´imperceptible éclatant dans les créations de Rolf Sambale toujours à découvrir et redécouvrir.
Répétésa !
De ses perpétuelles expérimentations, émane son élan de constante re-création. Engagé à la puissance qui crée, il viole la causalité, c´est-à-dire qu´il sait se mourir et se renaître. Lè-w konpwann i atè, i anlimyè-la ! Quand vous le croyez sur Terre, le voilà en ascension lumineuse ! Wè ! C´est la Résurrection ! Au troisième œil, dans une finesse de lucidité, ses codes sacrés, ses caractères pictographiques nous rappellent la subtilité spirituelle de l´artiste qui ne craint pas de se dénuder et d´offrir son fal (son cœur) à ses compères, les Dieux.
BonDyéségnè !
La faculté de son abstrait est un souffle épuré de toute charnalité tout en étant inséparable de la figuration. Le portrait de chacun de ces coryphés Caraïbéens est à l´image du créateur, justement parce qu´une effigie est métaphore d´une abstraction. Son hommage à ces astres qui ont pointé leur vecteur sur notre surpuissance intérieure, est une belle preuve de l´ultime maîtrise figurative du maître au pinceau infaillible qu´est le peintre des peintres Rolf Sambale.
Chonjé !
La mémoire fixée à la Sambale, souvenons nous de JACQUES STEPHEN ALEXIS , le «Compère Général Soleil», l´homme de la “Cité de l´indépendance” qu´est Gonaïves en Haïti, l´inventeur d´ Hilarion, le héros des bidonvilles de Port-au-Prince assassiné l´auteur. TOTO BISSAINTHE la chanteuse, actrice et comédienne, la fille des Dieux, qui a joué dans “Huis clos” de Jean-Paul Sartre. ALEJO CARPENTIER, musicologue et écrivain Cubain entre autres du “Royaume de ce monde” fût le visionnaire du “réel merveilleux”. AIME CESAIRE le Nègre qui m´inculqua je-suis-négresse-donc-je-suis : HOMMAGE A CÉSAIRE Réécoutons CELIA CRUZ, l´ “Azucar” de Johnny Pacheco, Tito Puente et Willy Colòn, la “”Segnora” Mantancera”, la star de la Fania All Stars, la Reina de la salsa, la chanteuse Cubaine de tous les temps. Louons LEON-GONTRAN DAMAS le Guyanais métis-blanc-amérindien-noir, entre autres l´un des fondateurs du journal “L´étudiant noir” du mouvement de la Négritude avec Césaire et Senghor. Relisons FRANTZ FANON le psychiatre écrivain dénonciateur de la manipulation coloniale dans “Peau noire, masques blancs”. NICOLAS GUILLEN un des plus grands poètes cubains du xxe siècle, dont sa poésie “Soldadito Boliviano” sur Ernesto Che Guevara fût mis en musique. MARTHA JEAN-CLAUDE la célèbre actrice-comédienne-chanteuse Haïtienne des années 40 qui accompagna Nat King Cole et l´Haïtienne la chanteuse-danseuse et actrice Emerante, animatrice de l'émission radiophonique «L'heure de l'Art». N´oublions pas que le créateur du compas direct est l´artiste complet NEMOURS JEAN-BAPTISTE d´Haïti chéri, joueur de banjo, guitariste, saxophoniste, compositeur et chef d´orchestre. Admirez les œuvres du Cubain-Chinois qui a dépassé la réalité, le peintre surréaliste des surréalistes, je nomme WILFREDO LAM. Ouvrez à EDITH LEFEL “La sirène” Guyanaise, célèbre et jolie chanteuse de jazz détentrice de “La Klé” du zouk, son premier album.
Donnons la voix à MARCEL LOLLIA (VELO) “An di pè é di fis”, Ti papa, le poète Guadeloupéen, l´authentique, le véridique révolutionnaire du gwoka qui consacra sa vie à la reconnaissance du KA. Honneur à JEAN PRICE-MARS l´écrivain Haïtien fondateur de l'Institut d'Ethnologie à Port-au-Prince en 1941 et le premier président de la Société Africaine de culture à l'Unesco. Debout pour BOB MARLEY l´éternel Rastafari qui exhorte encore le monde entier de “Get up for your right”. Applaudissons TITO PUENTE le roi du timbal, El cumbanchero, le légendaire musicien Puertoricain du mambo, latin jazz, cha-cha-cha, pachanga, boogaloo, salsa... Gouvernons avec JACQUES ROUMAIN, le fondateur du parti communiste en Haïti, et du Bureau National d'Ethnologie, auteur du classique “Gouverneurs de la Rosée”. Chantons “La case à Lucie” avec PAULO ROSINE le génie Martiniquais pianiste, auteur-compositeur-arrangeur.
Chonjé SONNY RUPAIRE le Guadeloupéen poète en créole représentant de l'A.G.E.G. (Association Générale des Étudiants Guadeloupéens) porte-parole de l'UPLG (Union Populaire pour la Libération de la Guadeloupe) et l'un des rédacteurs du journal de l'UPLG : Lendépandans. Et récitons avec GUY TIROLIEN le poète Guadeloupéen engagé avec Léopold Sedar Sengor, Léon Gontran-Damas et Aimé Césaire dans le combat de La Négritude, la célèbre "Prière d'un petit enfant nègre", etc.
Kok la chanté !
Ces illustres êtres, après avoir crié Miracle ! m´ont chuchoté que leur résurrecteur Rolf Sambale est composé de leur mosaïque. C´est-à dire que le peintre porte en lui une abacule de chacun de ces êtres extraordinaires en sachant que, pour vénérer le divin en les autres, il faut être soi-même vénérable. Vénérer est tout simplement guider chacun à trouver et honorer le leader en lui-même. Rolf Sambale ! Un peintre à célébrer.
Pwan sa ba-w !
Maxette Olsson